2 ou 3 choses que je sais d'elle
1) Son prénom bizarre
2) Son âge approximatif
3) Ses rêves préférés (?)
Vivre sa vie
Une mouche volette dans l'air. Se pose sur le globe bombé d'une lampe. Disparaît de l'autre côté de la sphère. Mon visage s'estompe sur l'écran dans une brume de lumière, opaque et transparente à la fois. La mouche réapparaît, s'immobilise, observe, scrute attentivement formes et couleurs. J'aperçois à nouveau mon visage sur l'écran. Il se déforme soudain. S'enflamme et noircit dans un grésillement d'insecte. La caméra était l'oeil de la mouche.
Bande à part
Il m'arrive de me sentir seule, dit-elle d'une voix sourde. L'homme allongé à côté d'elle ne répond pas. Est-ce que tu as écouté ce que je viens de dire? L'homme ferme les yeux et pose ses mains sur les paupières de la femme. Tu veux m'empêcher de voir? demande-t-elle. L'homme rit soudain. Enfonce profondément ses doigts dans sa bouche comme s'il voulait étouffer un cri. Le monde est un leurre! parvient-il à dire. Coupez! crie une voix qui vient d'on ne sait où. Mais l'homme ne bouge pas. La femme non plus. Le mot FIN s'inscrit sur leurs corps friables qui tombent déjà en poussière.
Eloge de l'amour
- Tu m'aimes?
- Veux-tu me suivre?
- Quoi d'autre encore?
- Donne-moi tes lèvres!
- Oublie-moi plutôt!
- Je reviendrai...
JLG/JLG
Moi n'est pas un autre. Seulement une image qui défile sur l'oeil. Mais de quel oeil s'agit-il? Celui d'un monde fictif qui n'existe que sur la surface plane de l'écran. Un monde sans relief, sans odeur, sans chair que l'on puisse goûter, saisir, caresser, mordre avec les dents de l'esprit. Un monde en déconstruction. Un monde à détruire sans pitié. Comme s'il n'était qu'un assemblage de vieux décors tombant en ruines.
Moi n'est pas je. Tout n'est désormais qu'une absence qui se prolonge, s'étire à l'infini comme un pan de ciel, jusqu'à se rompre dans la matrice du monde. Un songe de vie fragmentée: 24 images/seconde pour que tu sois une ombre qui passe furtivement sur ta rétine. Regard qui se regarde à perte de vue. Mise en abyme d'une chute sans fin dans l'abîme. Etre ou ne pas être du cinéma. Ce n'est pas la question, tu le sais. Encore moins la réponse, pense-t-il. Peut-être vaudrait-il mieux dormir...ou rêver.
François Teyssandier
1) Son prénom bizarre
2) Son âge approximatif
3) Ses rêves préférés (?)
Vivre sa vie
Une mouche volette dans l'air. Se pose sur le globe bombé d'une lampe. Disparaît de l'autre côté de la sphère. Mon visage s'estompe sur l'écran dans une brume de lumière, opaque et transparente à la fois. La mouche réapparaît, s'immobilise, observe, scrute attentivement formes et couleurs. J'aperçois à nouveau mon visage sur l'écran. Il se déforme soudain. S'enflamme et noircit dans un grésillement d'insecte. La caméra était l'oeil de la mouche.
Bande à part
Il m'arrive de me sentir seule, dit-elle d'une voix sourde. L'homme allongé à côté d'elle ne répond pas. Est-ce que tu as écouté ce que je viens de dire? L'homme ferme les yeux et pose ses mains sur les paupières de la femme. Tu veux m'empêcher de voir? demande-t-elle. L'homme rit soudain. Enfonce profondément ses doigts dans sa bouche comme s'il voulait étouffer un cri. Le monde est un leurre! parvient-il à dire. Coupez! crie une voix qui vient d'on ne sait où. Mais l'homme ne bouge pas. La femme non plus. Le mot FIN s'inscrit sur leurs corps friables qui tombent déjà en poussière.
Eloge de l'amour
- Tu m'aimes?
- Veux-tu me suivre?
- Quoi d'autre encore?
- Donne-moi tes lèvres!
- Oublie-moi plutôt!
- Je reviendrai...
JLG/JLG
Moi n'est pas un autre. Seulement une image qui défile sur l'oeil. Mais de quel oeil s'agit-il? Celui d'un monde fictif qui n'existe que sur la surface plane de l'écran. Un monde sans relief, sans odeur, sans chair que l'on puisse goûter, saisir, caresser, mordre avec les dents de l'esprit. Un monde en déconstruction. Un monde à détruire sans pitié. Comme s'il n'était qu'un assemblage de vieux décors tombant en ruines.
Moi n'est pas je. Tout n'est désormais qu'une absence qui se prolonge, s'étire à l'infini comme un pan de ciel, jusqu'à se rompre dans la matrice du monde. Un songe de vie fragmentée: 24 images/seconde pour que tu sois une ombre qui passe furtivement sur ta rétine. Regard qui se regarde à perte de vue. Mise en abyme d'une chute sans fin dans l'abîme. Etre ou ne pas être du cinéma. Ce n'est pas la question, tu le sais. Encore moins la réponse, pense-t-il. Peut-être vaudrait-il mieux dormir...ou rêver.
François Teyssandier
1 Comments:
Hmm I love the idea behind this website, very unique.
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